Pétroglyphes (ou roches gravées) de Guadeloupe
Les pétroglyphes de Guadeloupe proviennent de deux ethnies pré-colombiennes qui se sont succédées : les Arawaks et les Caraïbes. Les premiers sont une famille de peuples amérindiens qui ont occupé les Grandes comme les Petites Antilles. Les deuxièmes, arrivés d’Amérique du sud, ont conquis les Petites Antilles.
Les Caraïbes ont continué à graver des roches sur les mêmes sites que les Arawaks. La distinction entre les deux a pu être faite par les scientifiques.
Deux sites permettent de les voir et d’en savoir plus. Le Parc Archéologique des Roches Gravées à Trois-Rivières : les visites sont payantes et guidées. Le site de la rivière Du Plessis à Baillif, est gratuit et libre; quelques roches sont disposées en l’état dans la rivière et des panneaux donnent des explications historiques.
Parc Archéologique des Roches Gravées
Trois-Rivières
Le Parc Archéologique de Trois-Rivières est bâti sur l’un des plus grands sites de roches gravées des Antilles.
A ce jour, il n’y a aucune explication du choix de la Guadeloupe par les Amérindiens pour graver.
Nous n’avons pas non plus d’explications précises sur l’utilité de ces gravures, religieuse, rituelle, ou simplement décorative. Mais les gravures nous laisse une belle idée des croyances et des priorités des populations. Notamment la fécondité, avec les femmes, déesses et bébés qui sont nombreux, aussi les dieux, les chefs ou shamans. Les éléments naturels comme le soleil, l’eau, les ouragans sont aussi représentés; des animaux comme la tortue, la grenouille, des oiseaux, sont partiellement présents.
Les pétroglyphes de la rivière Du Plessis
Baillif
Le site des Roches Gravées de la rivière Du Plessis est proprement situé à Vieux-Habitants mais son accès se fait par Baillif.
Le chemin qui descend à la rivière est court et un peu abrupte bien qu’aménagé et parsemé par des aires de pique-nique tout au long.
En bas, des panneaux expliquent les découvertes et surtout affichent un plan pour trouver les roches qui sont répandues dans la rivière.
Vous trouverez les détails pour vous y rendre sur la page consacrée à Baillif.
Un peu d'histoire
Arawaks et Caraïbes mal interprétés à l'arrivée des Européens
Les premiers colons européens, les Espagnols de Christophe Colomb, ont laissé une vision manichéenne des peuples de la Caraïbe. D’un coté les Tainos (famille des Arawaks) habitants les Grandes Antilles étaient considérés comme pacifiques et mis en esclavage à des tâches « douces ». D’un autre, les Caraïbes, dit guerriers, habitants les Petites-Antilles, moins dociles ont été mis en esclave aux tâches difficiles.
Cette division du monde en deux ethnies est une vue simplifiée et ne prenant en compte que le constat des Antilles à l’époque de l’arrivée des conquistadors.
Le père Breton, aux premières années de la colonisation, est parti de Guadeloupe pour vivre quelques années parmi les Caraïbes de l’île de la Dominique. Il en a livré un dictionnaire et quelques épisodes de la vie quotidienne de ce peuple, déjà imprégné par le contact avec les Européens.
S’il n’y a aucune preuve avérée de villages Caraïbes en Guadeloupe, leur présence effective a bien été recensée et leur descendance et est mêlée au sang des Européens et des Afro-descendants.
Des connaissances récentes affirmées parmi de grandes incertitudes.
Même si les recherches sont encore imprécises quant à la complexité des peuplements pré-colombiens et, en particulier, leur interpénétrations culturelles, on sait tout de même que les Arawaks occupaient les Antilles bien avant les Caraïbes et qu’ils se divisaient en royaumes avec des divergences culturelles et linguistiques. Mais un fond commun culturel demeurait.
Les Caraïbes, sont nommés ainsi par les Arawaks, les Canibas, plus précisément. Leur vrai nom est Kalinagos. Ils ont chassé les Arawaks des Petites-Antilles mais se sont aussi mélangés à eux.
En Guadeloupe, on trouve des sites Arawaks sur le littoral et tout montre qu’ils vivaient de la mer plutôt que de la terre. Les Caraïbes, bien que plus nomades, vivaient de jardins cultivés sur la terre.
Ces Kalinagos ont légué aux européens leur savoir-faire en matière d’agriculture qui leur a permis de survivre. Les colons Français, d’abord secourus par les Kalinagos, leur ont mené une guerre violente. A armes inégales, les Kalinagos ont fini par accepter un pacte de paix et de vivre dans une réserve à la Dominique qui existe toujours aujourd’hui.
Langages et héritages
Tainos (Arawaks) comme Kalinagos (Caraïbes) avaient originellement deux langues différentes, elles se sont interpénétrées dans la Caraïbe nous laissant du vocabulaire dans la langue française contemporaine.
Caniba, désignant les Kalinagos en Tainos, a donné Caraïbe mais aussi cannibale -aucune preuve tangible de cannibalisme n’a été trouvée.
Nous leur devons les mots : hamac (hamaca), canoé (canoa), barbecue (baricu), tabac (tabacu), savane (sabana), ananas (yayama), ménate (manali), et d’autres moins connus…
Karukera, l’île aux belles eaux, était le nom donné à l’île de la Basse-Terre de la Guadeloupe.
Galerie de symboles Tainos
Il n’y a aucune certitude sur la raison des gravures sur les roches. Elles sont d’origine Tainos et ont perduré avec les Kalinagos. La Guadeloupe est le deuxième centre de concentration de roches gravées après Porto Rico. Les symboles sont plus ou moins identifiés et certaines symboliques sont évidentes comme la fécondité, notamment féminine, le soleil et certaines figures dont on ne sait pas s’il s’agit de dieux, de chefs ou de prêtres. La déesse Atabey et le Dieu Cemi sont eux bien identifiés et identifiables. Voici quelques symboles pris sur les roches gravées des Antilles et leur -possible- identification.